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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/344

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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

pénétraient dans les esprits et quelques voix parlaient hautement de résistance au Saint-Siége. Dès 1322, l’Inquisition avait envoyé au bûcher un certain Lollard de Cologne dont les adeptes commençaient à se multiplier en Angleterre, lorsque parut Jean de Wiclef, recteur du collége d’Oxford. La défense des intérêts de la couronne permit au savant ecclésiastique de propager sa doctrine qui peut se réduire à ces termes : « Tout arrive par nécessité. Dieu lui-même y est soumis. La liberté morale et intellectuelle est pure illusion. Il y a des prédestinés et des réprouvés. La confession est inutile et dangereuse ; la hiérarchie est un mensonge. Les bénédictions prononcées sur le vin, le pain, l’eau, l’huile, etc., sont des actes qui appartiennent plutôt à la nécromancie qu’à la religion. Le pape n’est pas vicaire de Jésus-Christ, et l’Église romaine est la synagogue de Satan. »

Le concile de Londres, réuni en 1382, condamna les principales propositions de Wiclef, qui mourut pendant les délibérations. Mais le docteur d’Oxford avait traduit la Bible en anglais et laissait quelques disciples zélés, dont les deux plus célèbres, Jack Straw et John Ball, appliquèrent ses principes à la politique. Ils se mirent à la tête des Lollards et protestèrent à la fois contre les vices du clergé et les exactions des officiers de la couronne. L’explosion du mécontentement populaire fut hâtée par l’insolence d’un collecteur d’impôt qui outragea la fille d’un forgeron de Dartford, dans le comté de Kent. Le père de l’enfant, Wat-Tyler, survint et terrassa l’officier du fisc d’un coup de marteau. Les paysans prirent sa défense. Bientôt tous les vilains des autres comtés marchèrent en armes sous la conduite du forgeron, de Jack Straw et de John Ball. Ils arrivèrent devant les portes de Londres, au nombre de quatre-vingt mille, demandant l’abolition du servage, la réduction de la rente des terres à quatre pence par acre (36 centimes), la franchise d’achat et de vente aux foires et marchés et une amnistie générale pour tous les délits passés (1381). Ils entrèrent dans la capitale, s’emparèrent