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QUINZIÈME SIÈCLE

Réduits à la dernière extrémité, les défenseurs d’Orléans offrirent à Bedford de remettre la place entre les mains du duc de Bourgogne. Irrité du refus de l’Anglais, Philippe retira immédiatement ses troupes qui servaient au siége. À Chinon, la terreur régnait toujours dans le conseil de Charles VII, qui parlait de se réfugier dans le Languedoc et le Dauphiné. Malgré le sentiment national qui commençait à se manifester énergiquement contre l’orgueilleuse et brutale domination des Anglais, la France était sur le point de subir le joug étranger, lorsqu’une paysanne de dix-neuf ans, née au village de Domrémy, sur les frontières de Lorraine, rendit la victoire à son pays, en jetant dans l’âme des vaincus la première étincelle de patriotisme.

Belle, forte, courageuse, en proie à la plus vive exaltation religieuse, Jeanne Darc annonça qu’elle avait reçu de Dieu la mission de délivrer Orléans et d’aller à Reims faire sacrer le roi. Elle assura qu’elle avait entendu des voix, qu’elle avait vu saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite, et que la volonté céleste lui avait été ainsi révélée. Elle communiqua son enthousiasme à deux gentilshommes qui s’offrirent à l’accompagner, et, sous un vêtement d’homme, elle se rendit des bords de la Meuse jusqu’à Chinon. « Gentil Dauphin, dit-elle au roi, si vous me baillez gens, je lèverai le siége d’Orléans et vous mènerai sacrer à Reims, car c’est le plaisir de Dieu. » Charles consentit à envoyer la jeune fille au camp qui se formait à Blois. L’idée qu’une envoyée de Dieu allait présider aux futures mêlées inspira aux Français un enthousiasme indescriptible et remplit d’effroi le cœur des Anglais. Le 29 avril 1429, Jeanne Darc, revêtue d’une armure complète, un étendard blanc à la main, entra dans Orléans dont le siège fut levé le 8 mai suivant. Elle s’empara alors de Jargeau, gagna la bataille de Patay le 18 juin et fit prisonniers Suffolk et Talbot.

De toutes parts des guerriers accouraient pour suivre la bannière de l’héroïne inspirée qu’on nommait avec admiration la Pucelle d’Orléans. Sur les instances de