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SEPTIÈME SIÈCLE

dans la plaine de Hadesiah, et les Perses durent se retirer en désordre au delà de l’Euphrate (636). Les vainqueurs les poursuivirent jusque sous les murs de Ctésiphon, Madaïn, aux blanches murailles, qu’ils emportèrent d’assaut et qu’ils détruisirent contrairement à leur habitude. Le Commandeur des Croyants reçut à Médine les richesses héréditaires des Grands-Rois avec la couronne de Khosrou le Grand et l’étendard des Sassanides.

Tandis que Khaled, surnommé le glaive de Dieu, subjuguait la Mésopotamie, son lieutenant Amrou-ben-Alas partait de Gaza et entrait en Égypte avec quatre mille cavaliers (638). Maître de Iarmah, il s’avança jusqu’au centre du pays, s’empara de Misrah, et, à l’aide des Koptes jacobites, ennemis irréconciliables des Grecs, prit possession de Memphis (639). Puis, il alla camper sous les remparts d’Alexandrie. Pendant quatorze mois les Alexandrins défendirent vaillamment leur ville, sans espoir de secours, et les musulmans ne l’emportèrent qu’après avoir perdu vingt-trois mille de leurs meilleurs guerriers. Amrou organisa sagement sa conquête, abolit la capitation, réserva le tiers des revenus pour l’entretien des digues et des canaux, et rendit à ces contrées leur ancienne prospérité. Ceci suffirait pour infirmer la version qui attribue au khalyfe Omar l’ordre de détruire par le feu les quatre cent mille volumes de la bibliothèque d’Alexandrie, si cet incendie n’était démenti d’avance par le témoignage d’Orose qui, au ve siècle, avait vu les armoires vides du Sérapion (640).

Cependant Yesdégerd, réfugié à Holwan, avait rassemblé une nouvelle armée. Il ne réussit qu’à se faire écraser d’abord à Djalulah, puis à Nehavend (642). Cette victoire des victoires détermina la soumission de toute la Perse. Les Arabes triomphants repassèrent le Tigre à Mossoul pour faire leur jonction avec l’armée de Syrie à la tête de laquelle Khaled venait de prendre possession de Diarbékir. En vain le jeune roi de Perse, retranché dans les gorges du Farsistan, essaya-t-il de défendre les approches de l’ancienne Persépolis ; forcé