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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

joint l’Océan à la Méditerranée. Au mois d’avril 711, l’émyr Mouza-ben-Nossayr, appelé par le comte Julien (Don Illan) et Oppas, archevêque de Séville, confiait cinq cents cavaliers à Tharyf-ben-Mâlek qui aborda sans obstacle sur la côte opposée, là où fut bâtie depuis la ville de Tarifa, et revint avec quelques prisonniers. Mouza, encouragé, résolut de poursuivre son dessein. Au printemps suivant, un autre chef, Thârig-ben-Zyad, traversa le détroit avec dix mille fantassins et trente mille chevaux, et débarqua dans la petite île qu’il nomma Al-Djezyrah-al-Khadrâ (Algésiras). Il s’empara ensuite de Gibraltar (Gebal-Thâriq, mont de Thâriq).

Depuis l’absorption du royaume des Suèves par Léovigild et la conversion au catholicisme du roi Rékarède, la domination des Wisigoths s’étendait sur toute l’Espagne et sur la Septimanie. Bien qu’amollie par une longue paix, la nation s’était levée à l’appel de son roi Rodérik. Les Arabes s’étaient déjà emparés de Cadix, de Sidonia et de tout le littoral jusqu’à la Guadiana (Al-Ouady-Anas, la rivière Anas) lorsque les deux armées se rencontrèrent sur les bords du Guadalété (Al-Ouad-al-Léthé, fleuve du Léthé), près de Xérès-de-la-Frontera. Les Goths, bien que trois fois plus nombreux, furent taillés en pièces, et Rodérik périt, dit-on, dans la mêlée, de la main de Thâriq qui envoya sa tête au khalyfe. Les Espagnols racontent, au contraire, qu’il échappa au massacre et se retira dans un couvent du Portugal. Quoi qu’il en soit, la bataille de Xérès marqua le dernier jour du royaume des Wisigoths. La nation, sans chef, n’opposa plus qu’une résistance partielle et toujours infructueuse aux armes des Musulmans. Thâriq continua sa marche, s’empara de Malaga, d’Ecija, de Cordoue et mit le siége devant Tolède, capitale de l’Espagne, qui se rendit à discrétion. Au milieu des trésors des rois Wisigoths, le chef Arabe trouva les vingt-cinq couronnes d’or et de pierres précieuses qui avaient appartenu aux différents princes de la monarchie détruite.

Mouza suivit de près son lieutenant victorieux. Il débarqua sur la côte d’Andalousie, avec dix-huit