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Page:Gossot - Marivaux moraliste, 1881.djvu/232

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MARIVAUX MORALISTE

lui, dis-je, tout cela, il ne vous reste plus rien de curieux chez elle, si ce n’est la langueur ou le ton emphatique de ses compliments quand elle est en ville. Tout cela vu et entendu, le sujet est épuisé. Les femmes de qualité dans ce pays font un spectacle bien plus varié. Les définirai-je en général ? Le projet est hardi ; n’importe.

La femme de qualité a tous les défauts de la bourgeoise, mais, pour ainsi dire, tirés au clair par l’éducation et l’usage. Elle possède un goût de hardiesse si heureux, qu’elle jouit du bénéfice de l’effronterie, sans être effrontée. Peut-être ne doit-elle cet avantage qu’à la nature de l’esprit des hommes, faciles à donner des droits plus amples à qui les étonne par de plus fortes impressions.

L’air de mépris le mieux entendu de la femme de qualité pour la bourgeoise, ce sont ses caresses et ses honnêtetés ; et là-dessus, rien n’est plus joli que la femme de qualité, dit la bourgeoise. L’innocente ! qui ne voit pas que, par cette politesse, la voilà destinée à la subordination.

Dans la femme de qualité, l’habillement, la marche, le geste et le ton, tout est formé par les grâces ; la nature ne s’en est point mêlée. Ce ne sont point de ces grâces qui font partie néces-