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s’en alast adès li uns[1] vers oriant, li autres vers occident[2], si qu’il alassent igaument andui, il couvendroit [F° 41 c] qu’il s’entrencontrassent desouz le lieu ou il se murent. Et puis revendroient andui au lieu dont il partirent premierement. Car lors avroit chascuns fait[3] ·i· tour entour[4] la terre par desoz[5] et par desus, ausi[6] comme entour une roe qui seroit toute coie[7] sus terre[a].

Autresi iroient il entour la terre comme cil qui adès se trairoient[8] droit vers le milieu de la terre. Car ele serre touz pois envers li. Et que plus poise et plus a-[F° 41 d]trait, et plus près se tient du milieu. Car que[9] plus chieve l’en la terre en parfont, et plus la trueve l’en pesant.

Et pour entendre ce que je vous ai devisé ci devant des aleüres des mouches[10] entour la poume[* 1], et des honmes[11] entour la terre, ainsi entierement le pouez veoir[12], et la maniere et la façon[13], par ces ·ii· figures qui ci vous sont representées, se vous avez entendement en vous. (Fig. 2 et 3.) [F° 42 a] Mès pour la chose mieulz entendre et plus clerement, pouez vous prendre ·i· autre[14] essample : Se la terre estoit parciée[15] parmi le milieu droit, si que l’en veïst parmi le [F° 42 b] ciel desouz nous, et l’en getoit une pierre dedenz ou une plomée[16] bien pesant, quant ele vendroit ou[17] milieu de la terre, ele se tendroit illuec droit que plus ne porroit avaler, neant plus qu’ele porroit monter en haut ; fors tant que par ce qu’ele[18] cherroit de si haut, li donroit son pois aucun pooir, si qu’ele cherroit plus en parfont[b]. Mais tantost revenroit[19] amont, tant qu’ele seroit arrieres el milieu de la terre. Ne jamès[20] ne se mouvroit d’iluec, [F° 42 c] car lors seroit ele igaument par tout en sus du firmament qui adès tourne et jour et nuit[21]. Et par la vertu de son tour ne peut riens aprochier[22] de lui qui soit pesanz[23]. Ainz s’en trait touz[24] jourz[25] ensus. Dont vous pouez[26] veoir

  1. — A et N : li uns ; C : ly un.
  2. — N : ocident.
  3. — N : auroit fet chascun.
  4. — N : tout entor.
  5. — N : desouz.
  6. — N : aussi.
  7. — N : quoie.
  8. — A : traioient ; B : trairoient ; N : treroient.
  9. — B : qui.
  10. — B : mousches.
  11. — B : houmes.
  12. — B : ainssi le pouez entierement veoir.
  13. — B et N : « et la maniere et la façon » manque.
  14. — B : une autre.
  15. — B : percie.
  16. — B : plommée.
  17. — B : el.
  18. — B : que ele.
  19. — B : revendroit.
  20. — B : jamais.
  21. — B : torne et nuit et jour.
  22. — B : apreuchier.
  23. — B : pesant.
  24. — A : tot jourz.
  25. — B : jouz.
  26. — B : vous en pouez.
  1. * Poume se trouve dans A et B. La forme est répétée plusieurs fois : fos 43 d, 66 a. Elle est confirmée par de nombreux exemples. C’est une forme commune en angln. (Suchier, Altfr. G. p. 66. Stimming. o. c. p. 192). Cf. Adam de la Halle, Robin et Marion (Monmerqué et Michel, Paris, 1879) p. 102 s. v. 146 : poumes.
  1. « Et ainsi fust... sus terre. » Neckam II. 48. Philos. Mundi IV. 3.
  2. « Se la terre... en parfont. » Neckam I. 16 ; Vincent de Beauvais, Speculum Naturale (Douai, 1624, vol. 1) VI. 7 (v. Introd. p. 36) ; Adélard de Bath, Quaestiones Naturales. Quaest. 49 : Si perforatus foret terrae globus lapidi injecto quorsum fieret casus. (Louvain, 1480.) (V. Introd. p. 36.)