Enfin par un calcul basé sur 1245, l’auteur lui-même nous permet de vérifier ses renseignements. Pour nous donner une idée de la distance du ciel à la terre, il écrit[1] :
Si li premiers que Diex fist onques, ce fu Adam, i (i. e. au ciel) fust touz jours alez dès lors qu’i fu premierement faiz et criez, et fust alez .XXV. milles chascun jour, ne fust il pas enquores la ; ainz eüst enquores a aler par .VII.C. et .XIII. anz, dès lors qu’Adans li premiers hons fu faiz, quant premierement fu parfaiz cis livres : ce fu a l’Aparition, en l’an .M.CC.XLV. anz.
Comme nous le prouvons plus loin[2], le calcul est parfaitement correct et confirme la date, 1245 (v. s.).
Seconde rédaction en vers. — Après un intervalle de deux ans à peine, en 1248[3], une seconde rédaction refondue est composée, augmentée d’environ quatre mille vers, et divisée en deux parties seulement. Fant en a fait une étude spéciale. Nous en connaissons dix-neuf manuscrits[4] qui tous contiennent, après une Vie de saint Brandan, les vers suivants :
En .IX. jorz de marz l’ai parfait
Mil .CC. anz .XL. et .VII.
Date de la seconde rédaction. — Comme on le voit, la date est ici confirmée par les nécessités de la rime. L’auteur n’hésite pourtant pas à répéter à la fin de son ouvrage le vers du poème original :
Mil .CC. XLV ans.
- ↑ Chapitre 17 de la IIIe partie, fo 129 b.
- ↑ Cf. p. 53, s.
- ↑ 1247 vieux style.
- ↑ Grand mentionne seize manuscrits de la seconde rédaction (v. E.-D. Grand, dans École Nationale des Chartes. Positions de thèses par les élèves de 1885, p. 81-84 ; et dans École Nationale des Chartes. Positions de thèses par les élèves de 1886, p. 83-88). Le manuscrit Caius College 384 est de la seconde rédaction, et non pas de la première, comme le dit Grand. Il faut donc l’ajouter à cette liste-ci (v. p. 2, n. 8*). On connaît de plus : Stuttgart, poet. 16 (v., sur ce manuscrit, un article dans Serapeum [Leipzig, 1848] vol. IX p. 116), et Cheltenham, Phillipps 3655. P. Meyer a fait une étude spéciale de ce dernier manuscrit, de celui de la Bibliothèque Nationale, fr. 14961, contenant une interpolation provençale ; et enfin du manuscrit du Musée britannique Harley 4333. Quoique ce dernier se distingue sous certains rapports de tous les autres manuscrits, nous le joignons à la liste de la seconde rédaction dont il possède tous les traits distinctifs. Nous revenons plus loin (p. 5 n. 1) sur ce manuscrit important. (V. sur le manuscrit Phillipps : P. Meyer, dans Romania XV (1886) p. 236-357, 643 ; Romania XXI (1892) p. 299, 481-805 ; aussi dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibl. Nat. (1891) t. 34, p. 149-259. — E.-D. Grand dans la Revue des langues romanes (janvier-mars 1893) t. 37. V. sur le manuscrit fr. 14961 : P. Meyer, dans le Bulletin de la Société des anciens textes français (1909) p. 46-60. — V. sur le manuscrit Harley 4333 : P. Meyer, dans Romania XXI (1892) p. 481-505 ; Ch.-V. Langlois, La connaissance de la nature au moyen âge (Paris 1911) p. 59 s.