a une glaire[1] de mer que l’en met avec-[F° 81 b]ques[2] pour rafermer[* 1].
En Égypte est la Rouge Mer, ou li fil[3] Israel passerent outre a seche terre pour venir en la Terre Sainte. Cele mer prent[4] son non de sa terre. Car ele est toute rouge au fonz et tout entour ; si que la mer en est toute rouge.
En Perse a ·i· flun[5] lonc et lé qui est de nuit si engelez que les genz y pueent[6] bien aler a pié. Et de jourz est clers et coranz[7].
Il a en Espire une fontainne[8] dont la matire est si merveilleuse que [F° 81 c] l’en i estaint brandons touz ardant[9] ; et puis les y[10] ralume l’en arrieres.
En Ethiope en a une autre qui par nuit a si grant chaleur que l’en n’en peut[11] point boivre. Et de jors[12] est si froiz que l’en y[13] engiele touz.
En Loherainne[14], près de Mez la cité, a une yaue qui court adès, que l’en cuist en granz paales[15], et devient sel bon et bel. Et fornist[16] cele yaue tout le pays[17] de sel. Et sourt cele yaue d’un puis[18] qui est près d’illuec[19], que l’en apele « le puis[20] Davi. »
[F° 81 d] Si ra fontainnes cele part qui sont si chaudes que l’en s’i art[21] touz. Et en meïsmes cele place en sourt d’autres qui sont ausi froides comme glace. Illuec sont les bainz touz atrempez[22], mellez de froide yaue et de chaude. Et ceuls qui se baingnent en ces[23] bains, leur charneure en devient toute sainne. Si sont unes noires fontainnes que les genz tiennent pour sainnes, et en vont boivre pour poisons. Et en font souventes foiz granz purgations, [F° 82 a] plus granz[24] que d’une fort medecine que l’en prent pour soi medeciner[25].
Une en ra devers oriant, dont l’en fait feu grejois avoec autre chose que l’en i met ; qui est si chauz quant il est espris que l’en ne le peut estaindre d’yaues[26], fors d’aisill[27] ou d’orine ou de sablon. Li sarrazin vendent cele yaue moult chierement, plus que l’en ne fait bon vin.
- ↑ — N : glere ; C : glaire d’œuf ; Arund. 52 : glette ; Harley : gleste ; Sloan : glare ; Bruxelles 10971 : glete.
Arund. et les autres mss. en vers :
Droit vers Acre a ·i· sablon
dont on fet voire cler et bon
et d’alcune glette de mer
c’om mesle avec pour le former. - ↑ — N : aveques.
- ↑ — N : fill.
- ↑ — N : prant.
- ↑ — N : flum.
- ↑ — N : pouent.
- ↑ — N : cler et courent.
- ↑ — N : fontaine.
- ↑ — N : ardanz.
- ↑ — N : i.
- ↑ — N : puet.
- ↑ — N : jourz.
- ↑ — N : i.
- ↑ — N : Loheraine.
- ↑ — N : paailes.
- ↑ — N : fournist.
- ↑ — N : pais.
- ↑ — B : puiz.
- ↑ — B : iluec.
- ↑ — B : puiz.
- ↑ — B : l’en y art.
- ↑ — A : touz cha atrempez.
- ↑ — A : ces en bains.
- ↑ — B : grans.
- ↑ — B : por medecinez soi.
- ↑ — B : yaue.
- ↑ — B : « fors d’aisill » manque.
- ↑ * « Vers Acre... rafermer » : Ce passage est traduit du ch. 85 de Jacques de Vitry. Le texte latin pouvant aider à élucider le français, nous le reproduisons ici : « In Tyrensi autem et Acconensi territorio ex arenulis maris, ex sabulo videlicet et glarea marina subtili artificio vitrum efficitur purissimum. » (Glarea marina : glaire de mer, c’est-à dire du « gravier ».