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n’ont cure de savoir, fors que tant qu’il[1] en puissent avoir conquester. Et pour ce ne lairons[2] nous mie que nous n’en dions aucuns[3] cas pour ceuls qui ont talent d’aprendre. Si l’oie[4] qui oÿr le voudra.

  1. — B : que il.
  2. — B : lairon.
  3. — B : aucun.
  4. — B : oye.


xii[a].
Pour quoi monnoie fu establie[b].

Monnoie si[1] fu establie pour les genz qui n’avoient pas toutes choses nécessaires ensamble. Li uns avoit blez, li autres vins, li [F° 121 b] autres dras et li autres bestes. Qui le blé avoit, si n’avoit pas le vin sanz changier l’un a l’autre. Si couvenoit[2] qu’il chanjassent les uns as autres[3] pour avoir ce qu’il n’avoient pas, comme cil qui autrement ne le savoient faire.

Quant li philosophe virent ce, si firent tant qu’il establirent vers les seingneurs ça en arrieres une petite chose legiere, dont chascuns en peüst tant porter qu’il en peüst achater ailleurs ce que mestiers li seroit [F° 121 c] et ce qu’il leur couvenoit a euls[4] vivre. Si penserent a leur avis une riens ne trop ville[5] ne trop chiere, et que ele eüst aucune valeur pour faire droite marcheandise li uns a l’autre par cele ensaingne[6], et qu’ele fust commune par tout en toutes voies.

Si establirent une petite monnoie tenue pour[7] aler par le monde. Et pour ce fu dite monnoie, que les genz menoit par la voie, ou d’amonnester, qui vaut autant ce que [F° 121 d] faut a houme pour vivre. « Monos » en grieu, si vaut autant comme une chose seulement. Car il n’en estoit[8] lors que une par tout le monde. Mais or fait chascuns sa monnoie merllée , dont l’en se desvoie plus que s’ele feüst[9] d’un afaire seulement. Car l’en en voit faire maintes fausses[10].

Ainsi ne l’establirent pas li philosophe[11]. Car il l’establirent itele[12] pour l’estat du monde sauver. Car se li argenz[13] estoit ostez des parisis et des tournois, [F° 122 a] tant seroit la monnoie plus petite et meilleur pour porter par les chemins. Car com plus seroit petite et legiere, et miex vaudroit pour faire et pour avoir sa vie. Et pour autre chose ne fu ele establie. Car monnoie n’est prisie fors pour l’or[14] et pour l’argent qui i est. Cil qui l’[15] establirent premierement la firent petite et legiere pour[16] plus legierement porter la ou il voudroient aler.

  1. [F° 121 a122 a = Vers 5618-5875.]
  2. « Pour quoi monnoie fu establie » Neckam II, 52. V. Introduction p. 50, 51.
  1. — B : « si » manque.
  2. — B : convenoit.
  3. — B : li uns as l’autres.
  4. — B : els.
  5. — B : vile.
  6. — B « par cele ensaingne » manque.
  7. — B : tenue d’argent pour...
  8. — B : il ne estoit...
  9. — B : fust.
  10. — B : fauses.
  11. — B : phylosophe.
  12. — A : icele.
  13. — B : argent.
  14. — B : ors
  15. — A : « l’ » manque.
  16. — B : por.