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produit un autre ouvrage plus court, le Speculum vel Imago Mundi. Paulin Paris[1] relève ce passage et suggère que cet abrégé était l’original de l’Image du Monde.

Le titre est certainement un indice. Mais on peut en dire autant de l’Imago Mundi d’Honorius Augustodunensis.

Une étude du texte français tend plutôt à confirmer l’opinion de Fritsche[2] : Gossouin a eu recours à des sources variées, et entre autres à l’ouvrage d’Honorius ; chose d’autant plus probable que ce théologien avait autrefois dirigé l’école de la cathédrale à Metz, de 1120 à 1146[3] . Notre auteur aurait donc emprunté son titre à l’ouvrage qui lui aurait le plus servi.

Cette théorie semble du moins d’accord avec les faits. Une grande partie de l’Image du Monde est l’ouvrage de Gossouin lui-même. Il a fort habilement introduit dans la première partie ses opinions religieuses : c’étaient d’ailleurs celles de son temps. Ses connaissances des auteurs classiques sont solides. Il a lu certains ouvrages d’Aristote et de Platon, grâce, sans aucun doute, à des traductions latines.

Dans les deux dernières parties, il a fait de nombreux emprunts soit à des écrivains romains, soit à des écrivains du moyen âge. Souvent les traductions sont si littérales qu’on ne peut avoir aucun doute sur leur origine.

L’étude de V. Le Clerc et la dissertation de Fritsche sur les sources de l’Image du Monde servent naturellement de base à tout travail sur ce sujet, qui est toujours susceptible d’être étendu. Ainsi les deux ouvrages d’Alexandre Neckam, De Naturis Rerum et De Laudibus Divinæ Sapientiæ, ont été employés par Gossouin bien plus fréquemment que Fritsche ne semble s’en douter.

Dans les pages suivantes et aussi dans les notes du texte les différentes sources de l’encyclopédie sont indiquées. Nous les divisons toutefois en deux classes bien distinctes : en premier lieu les auteurs, tels que Jacques de Vitry, Honorius, Neckam, dont Gossouin a rendu des passages entiers mot à mot ; ensuite les auteurs dont les idées seules se retrouvent dans l’Image, sans qu’il soit question de traduction littérale.

À cette dernière catégorie appartiennent les auteurs grecs dont nous faisons mention. Il n’est pas probable que Gossouin ait su cette langue et se soit servi des originaux. Mais il avait sans doute à sa disposition les versions latines de certains ouvrages d’Aristote et de Platon certainement

  1. Paulin Paris, Les manuscrits français de la bibliothèque du roi (Paris, 1842).
  2. Fritsche, Untersüchung über die Quellen der Image du Monde (Halle a/S., 1880).
  3. V. Histoire littéraire de la France t. IX, p. 42.