Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/164

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des cloches à melon, dont le bris cristallin sonna moins agréablement à mes oreilles que les gammes chromatiques et hydropathiques de Gungl’.

Ce lieu de réunion étant clos, nous nous rabattîmes, quatre ou cinq, sur un cabinet, sis au premier étage du café de la Rive gauche, au coin de la rue Cujas et du boulevard Saint-Michel — c’est aujourd’hui un établissement de bouillon. Un piano hospitalier nous accueillit. Mais la porte était réglementairement ouverte aux allants et venants.

Or, un soir — le 5 octobre 1878 — c’était la rentrée des lycées. Une vingtaine de jeunes gens, assez excités, se précipitèrent dans notre réduit, et, pendant la dernière demi-heure de liberté qui leur restait, s’emparèrent du piano et le démantibulèrent aux trois quarts, en hurlant des refrains dont le plus élégant était celui d’une chanson intitulée les Vidangeurs :

Il ne faut pas que rien se perde,
Dans la nature, tout est bon,
Pressons, pressons, la pompe à m….
Le jour paraît à l’horizon !

Cette petite séance nous exaspéra. Quand ces jeunes vandales eurent disparu, nous