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Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/265

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un peu en bavardant avec Manet, Desboutins et d’autres. J’étais assis depuis quelques minutes, lorsqu’une bande joyeuse fit son entrée. C’était quelques hydropathes montmartrois : le peintre René Gilbert, le géant Parizel et celui-ci et celui-là ; ils vinrent s’asseoir près de moi. Tout à coup Gilbert me dit, en me désignant un jeune homme, robuste, blond fauve, qui les accompagnait :

— Tu ne connais pas Rodolphe Salis ?

— Non, fis-je. Vous n’êtes jamais venu aux hydropathes.

— Jamais, je faisais de la peinture à Cernay, loin des rumeurs de la ville, répondit l’homme blond.

Et puis, il ajouta :

— Je fonde un cabaret artistique boulevard Rochechouart, 84, voulez-vous assister au dîner d’ouverture ?

— Volontiers, lui dis-je.

C’est ainsi que je fis la connaissance de Rodolphe Salis.