Aller au contenu

Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des nymphes dans les grottes… dans les grottes de Montmartre, la ville sainte.

C’est à peu près de la sorte, partant grandement, et tournant court, ou aboutissant à quelque bonne calembredaine que se meut l’éloquence du gentilhomme-cabaretier Rodolphe Salis.

À ces paroles retentissantes, le silence s’établissait, et le jeune lyrique versait des strophes d’or, d’argent, de cuivre ou de nickel, que payaient largement les applaudissements des dilettanti.

Ce fut bien vite comme une seconde salle d’hydropathes, avec cette différence qu’au lieu d’avoir des étudiants pour auditeurs, c’étaient des peintres, des dessinateurs et des amateurs. La jeunesse y était en majorité ; mais on ne s’y étonnait pas, comme on l’aurait fait au quartier Latin, de l’apparition subite d’une barbe blanche.

Vers les débuts, autant le journal était fantaisiste, bouffon, absurde d’ironisme, autant les poètes étaient graves, choisissant les poésies les plus sombres. Je constate le phénomène sans l’expliquer. Mais bientôt le poète populaire Jules Jouy apparut, ainsi que les chansonniers