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En effet, dans sa fréquentation avec ce qu’on est convenu d’appeler la capitale, Montmartre n’a rien à gagner que des charges et des humiliations.

Montmartre est assez riche de finances, d’art et d’esprit pour vivre de sa vie propre.

Électeurs !

Il n’y a pas d’erreur !

Faisons claquer au vent de l’indépendance le noble drapeau de Montmartre.

« La Butte, » cette mamelle où s’allaitent la Fantaisie, la Science et tous les Arts vraiment français, avait déjà son organe : « le Chat Noir. » À partir d’aujourd’hui, elle doit avoir son représentant, un représentant digne de ce nom.

Rodolphe SALIS, qui, depuis trois ans, dirige, avec l’autorité que l’on sait, le Journal qui est la joie de Montmartre, nous a paru apte à cette mission.

Montmartre mérite d’être mieux qu’un arrondissement.

Il doit être une cité libre et fière.

Aussi notre programme sera-t-il court et simple :

1o La séparation de Montmartre et de l’État ;

2o La nomination par les Monmartrois d’un Conseil Municipal et d’un Maire de la Cité Nouvelle ;

3o L’abolition de l’octroi pour l’arrondissement, et le remplacement de cette taxe vexatoire par un impôt sur la Loterie, réorganisée sous la régie de Montmartre, qui permettrait à notre quartier de subvenir à ses besoins et d’aider les dix-neuf arrondissements mercantiles ou misérables de Paris ;

4o La protection de l’alimentation publique. La protection des ouvriers nationaux.