Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/295

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guerrier à la fois, c’est un complet (mais pas de la Belle-Jardinière, heureusement).

Il faut que les bohèmes se succèdent et ne se ressemblent pas ; une génération a la bohème joviale, la suivante l’a triste ; j’ai comme une idée que les jeunes bohèmes futurs seront de plus en plus pessimistes : ils ont peut-être raison.

Mais nous avons bien ri, je vous jure ; et lorsque, étant devenu colon, à Asnières, avec un authentique chien gardeur de troupeaux, berger sans brebis sur les bords de la Seine, je me promène, j’y songe parfois, et je ris encore.

Ça ne m’empêche pas d’être pessimiste à ma façon, en constatant combien la vie réelle ressemble peu au rêve qu’on faisait à vingt ans. Cela me rend peu à peu sérieux comme un préfet dégommé, et c’est pourquoi je mets ici un point bien final à dix ans de bohème.


FIN