Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/46

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S’il en tombe quelques gouttes,
Ça sera pour rafraîchir ;
S’il en tombe quelques gouttes,
Ça sera pour — ra,
Ça sera pour — ra,
Ça sera pour rafraîchir.

Si la tonne se défonce
J’en boirai-z-à mon loisir ;
Si la tonne se défonce
J’en boirai z — à — mon
J’en boirai z — à — mon
J’en boirai z-à mon loisir.

La gaieté lancée ne s’arrêtait plus, et les poètes, debout sur les tables, disaient leurs vers avec de grands gestes fous, qui soulevaient leurs chevelures brunes ou blondes, des vers tout chauds encore de l’enclume récente, et non point refroidis par la mise en volume.

Car, malgré cette vie de cabaret, on travaillait ferme, nul ne savait où ni quand ; néanmoins les poèmes s’accumulaient pièce à pièce, à travers le décousu de l’existence.

Le soir, tard, en se retirant, les poètes se montraient du doigt l’Odéon, terre promise. Un soir même, sous les arcades, trois d’entre eux se jurèrent fidélité éternelle, aide réciproque, afin de conquérir la gloire. Ils s’intitulèrent