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Page:Gouges-comediens-demasques.djvu/21

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me répond pas. L’hiver s’approche, et ramène dans la capitale les premiers sujets. Trop peu satisfaite de l’influence du sieur Molé, je m’adresse à mademoiselle Comtat, et je lui écris la lettre suivante :

Mademoiselle,

« Je m’étois toujours flattée que lorsqu’on mettroit ma pièce à l’étude, vous auriez bien voulu choisir le rôle qui vous auroit paru le plus susceptible d’approcher de vos talens. Dans le tems où la comédie avoit l’air de me gratifier de ses dons, en me gratifiant d’un tour d’auteur, vous partez pour la province : j’étois si fière de ses bienfaits, quoique la saison fût détestable, et privée de vous ainsi que de M. Molé, que je regardai décemment le procédé de la comédie comme une de ses plus grandes faveurs à mon égard. La bonne saison arrive pour les spectacles ; Paris, mademoiselle, vous revoit avec un nouveau plaisir, et on impute à votre retour l’impossibilité de remplir la promesse que la comédie m’a faite avant votre départ. Après la connoissance que j’ai de votre esprit, de votre justice, j’ose espérer de vous que vous voudrez bien vous employer pour un droit si légitime, et attendu depuis si long-