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Page:Gouges-comediens-demasques.djvu/32

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avec le maudit ferraillement de la porte ; ils se seroient bien gardés de la condamner ; c’étoit leur faux-fuyant.

Le décent Grammon, couronnant la décence du comité, dit : « je suis bien fâché que cette porte se soit fermée si tard ; elle m’a privé de saisir tout le mérite de cet ouvrage »  ; mais il ne me demanda pas moins un rôle, en m’assurant que le peu qu’il en avoit entendu, lui donnoit une parfaite idée du reste. L’auguste assemblée m’entoura, et c’étoit à qui me prodigueroit le plus d’éloges sur cet ouvrage. De bonne-foi, j’avoue ma stupidité dans cette occasion, je crus avoir séduit mes juges, et leur ton de franchise et de loyauté étoit bien propre à en imposer à des plus adroits que moi. Entr’autres, le colossal Desessarts fit rire de si bon cœur le comité, que je n’avois aucun doute sur la réception de ma pièce.

Il me demande si c’étoit à lui que je désignois le rôle de Désyveteaux. J'eus la simplicité de lui répondre que, puisqu’il me le demandoit, je ne voyois personne plus propre que lui à posséder la carricature qui convenoit au berger Corridon. On rit beaucoup, et je ne me pus m’empêcher de rire aussi de bonne-foi. Tous sembloient n’aspirer qu’au moment de le voir en costume de berger ; et je gagerois, si les comédiens étoient capables de convenir une fois de la vérité, que ce n’est qu’avec regret qu’ils ont sacrifié leur opinion contre cette pièce, en faveur du comique qu’au moins