Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/127

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éclat, en cherchant à ramener ce jeune homme par la voie de la douceur. Peut-être il n’eſt pas auſſi coupable qu’il vous l’a paru… Il eſt vrai que Marianne en étoit indignée, & ce courroux n’eſt ſans doute que l’effet de l’amour outragé ou de la jalouſie.

La Fontaine.

Cela peut-être.

Le Comte.

L’ingrat peut-il l’avoir offenſée à ce point, ſans être déchiré par ſes remords, & pourroit-il jamais l’oublier, s’il a le bonheur d’en être aimé ?

La Fontaine, à part.

Je vois par ces paroles combien lui-même en eſt épris. Ah, que je crains leur bonheur mutuel ! Et ce ſeroit moi qui l’aurois produit !

[haut].

C’eſt un eſprit gâté, une ame corrompue qui a ſu ſéduire le cœur de cette fille. Je penſe qu’il ſeroit à propos de le tenir quelque mois en priſon. Si vous lui pardonnez ſi facilement le ſcandale qu’il a produit dans votre maiſon, il abuſera ſans ceſſe de vos bontés, & il rira même des leçons de morale que vous prenez la peine de lui donner.

Le Comte.

Si je pouvois me perſuader que ſes ſentimens fuſſent auſſi abominables que vous les ſoupçonnez, il ne reverroit jamais le jour.

La Fontaine.

Vous avez tout pouvoir ſur lui. Il n’a ni protecteur ni amis.