travaux mercenaires ; ſa converſation eſt bien la pure image de la candeur, de la ſageſſe & de la piété filiale, & je vous avoue que ſa rare vertu m’édifie autant qu’elle m’enchante. Cette fille reſpectable ſembre vouloir ſe dérober aux avantages qu’elle trouveroit dans le monde ; voilà tout ce que je ſais de cet aimable enfant… Mais vous m’y faites penſer ; je lui ai promis de l’aller voir ; comme j’ai affaire dans ce quartier là, j’y vais de ce pas.
Si j’étois en état de vous donner la main, je vous accompagnerois.
Mais je le croirois ſans peine ; je ſuis loin cependant de ſoupçonner votre façon de penſer.
Je ne m’en défends pas. Cette adorable fille m’occupe ſans ceſſe, & le tableau touchant que vous en faites acheve de m’intéreſſer à ſon ſort : non que j’éprouve des deſirs qui puiſſent allarmer ſa vertu ; vous ne m’en croyez pas capable : mais ſi, ſans être connu, je puis adoucir ſon infortune, c’eſt vous que je chargerai de mes bienfaits ; ce ſont là mes vûes, & je n’en ai pas d’autres.
Ah, j’en ſuis bien perſuadée. Je vous reconnois à ces nobles procédés. Que nos gens de bien ſont loin de cette généroſité ! Encourager la vertu, c’eſt le ſoin le plus digne d’un honnête homme. Adieu, je vais m’acquitter du reſpectable devoir que vous m’impoſez.
[Le Comte donne la main à Madame de Valmont, qui va pour ſortir ; ils s’arrêtent en voyant entrer Germeuil.]