Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/84

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La Fontaine.

Sans doute il craint votre préſence : car il s’eſt bien vîte enfui de l’hôtel.

Le Comte.

Qu’il ſe garde bien d’y jamais reparoître, l’impoſteur ! Avec quel art il m’en a impoſé ! Le vice pour ſe montrer, n’attends pas la maturité de l’âge. Si jeune, prendre ſi adroitement le maſque de l’hypocriſie ! Ce ſeroit un monſtre trop dangereux, il faut en purger la ſociété… Mais croyez-vous que cette fille ait été véritablement ſéduite par Montalais ?

La Fontaine.

Vous devez bien penſer, Monſieur le Comte, d’après une telle démarche, qu’ils ſont d’accord enſemble. Je crois même, à ce qu’il m’a donné à entendre, qu’il lui a promis de l’épouſer ſans en avoir l’intention : mais ce que je ne puis lui pardonner, c’eſt d’avoir abuſé de ma confiance, en faiſant de l’appartement du Marquis de Flaucourt, dont je lui avois confié les clefs, le théâtre de ſes coupables deſirs. Ce procédé eſt d’un ſcélérat bien téméraire.

Le Comte.

Eh, comment a-t-il pû vous en impoſer ſi long-tems, vous qui êtes ſi adroit ?

La Fontaine.

Et vous, Monſieur le Comte, qui réuniſſez l’eſprit à tant d’expérience, n’avez-vous point été ſa dupe ?

Le Comte.

Je l’avoue : mais l’homme le plus expérimenté avec