Page:Gouges - L esclavage des noirs (1792).djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
L’ESCLAVAGE DES NOIRS,

SOPHIE, à Valère.

Je ne ſais pourquoi ce Gouverneur m’intéreſſe. Le récit de ſes chagrins oppreſſe mon cœur ; il eſt généreux, clément ; il peut vous pardonner. J’irai moi-même me jetter à ſes pieds. Son nom ? Si nous pouvions ſortir de cette Iſle.

ZAMOR.

Il ſe nomme Monſieur de Saint-Frémont.

SOPHIE.

Hélas ! ce nom ne m’eſt point connu ; mais n’importe, il eſt François : il m’entendra & j’eſpère le fléchir. (À Valère.) Si avec la chaloupe qui les a ſauvés, nous pouvions nous conduire au port, il n’y a point de péril que je n’affronte pour les défendre.

VALÈRE.

Je t’admire, ma chère Sophie ! j’approuve ton deſſein : nous n’avons qu’à nous rendre auprès de leur Gouverneur. (Aux Eſclaves.) Mes amis, cette démarche nous acquitte foiblement envers vous. Heureux ſi nos prières & nos larmes touchent votre généreux Maître ! Partons, mais que vois-je ? des eſclaves qui nous examinent & qui viennent avec précipitation vers nous. Ils apportent des chaînes.