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L’ESCLAVAGE DES NOIRS,

LE JUGE.

Y penſez-vous bien ? les adoucir en faveur d’un eſclave ! Nous ne ſommes pas ici en France, il nous faut des exemples.

M. DE SAINT-FRÉMONT.

C’en eſt fait, il faut que l’arrêt s’exécute.

VALÈRE.

Ces paroles glacent mon ſang & mon cœur oppreſſé… Chère épouſe, que vas-tu devenir ? Ah ! Monſieur, ſi vous connoiſſiez ſa ſenſibilité, ſes malheurs, vous en ſeriez touché ; elle avoit mis toutes ſes eſpérances dans vos bontés ; elle ſe flattoit même que vous lui donneriez des renſeignemens ſur le ſort d’un parent, ſon unique appui, dont elle eſt privée depuis ſon enfance, & qui doit être établi dans quelque partie de ce Continent.

M. DE SAINT-FRÉMONT.

Soyez aſſuré que je vous ſervirai de tout ce qui ſera en mon pouvoir ; mais, quant aux criminels, je ne puis rien faire pour eux. Malheureux Étranger ! allez la conſoler : elle m’intéreſſe ſans la connoître. Trompez-la même, s’il eſt néceſſaire, pour qu’elle ne