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DRAME.

Le Chevalier.

Eh ! de quoi ſeriez-vous coupable ? penſeriez-vous que le Ciel pût condamner des ſentimens dont il mit le germe dans notre ame ? Ah ! croyez que la nature n’eſt jamais en contradiction avec le Créateur, & qu’en ſe développant elle ne fait qu’obéir aux loix éternelles qu’il lui preſcrivit. O ſageſſe ſuprême ! quelle étrange opinion on oſe concevoir de ta juſtice. Tu tendrois un piège inévitable à la foibleſſe humaine pour l’en punir éternellement ! Blaſphémateurs d’un Dieu de bonté, vous ſeuls méritez les ſupplices dont vous épouvantez les eſprits égarés par votre doctrine… Julie, raſſurez-vous, le Ciel ne s’irrita jamais contre la vertu cédant aux plus doux ſentimens de la nature.

Julie.

Qu’entends-je !… Ce langage ranime mes ſens, vous rendez le calme à mes eſprits troublés. Oui, j’aurai le courage de vous faire l’aveu de mes plus ſecrettes penſées. Un penchant que j’ai en vain combattu me fait frémir des vœux que l’on exige de moi.

Le Chevalier, à part.

O Ciel, je frémis. (haut.) Achevez de grace,