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LE COUVENT,

Le Curé, à Julie.

Ainſi, mon enfant, je ne puis déſapprouver votre réſolution, le monde a ſes peines, la retraite eſt plus douce pour les ames véritablement religieuſes ; mais eſt-il bien vrai que ce ſoit volontairement ?

Julie, dans le délire.

Oui, Monſieur, n’en doutez pas. Oui, je vais renoncer volontairement à tout ce qui m’eſt cher au monde. Dieu prendra pitié de mes peines, de ce cœur déchiré, (en pleurant.) & je ſerai ſans-doute heureuſe. Pour ſauver mon amant, je m’enchaîne à ces Autels par d’éternels liens ; mais il me ſuivra par-tout ; par tout privée de lui, ſans ceſſe je le verrai. Dans mes douces rêveries, ſon image m’aidera à ſupporter le poids de mes chaînes. Aux pieds de mon Dieu mon amant me ſuivra. Je lui préſenterai celui que mon cœur adore… ?

Le Curé, dans la plus grande ſurpriſe, à l’Abbeſſe.

O Ciel ! eſt-ce ainſi que cette infortunée eſt réſolue ?

L’Abbesse, avec embarras.

Je ſuis, Monſieur, plus étonnée que vous. (à Julie.) Quoi ! Julie, oubliez-vous… Mon enfant, reprends ta raiſon, ſi tu connoiſ-