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PRÉFACE.

ne fait pas encore diſtinguer ſes vrais amis des traitres qui le trompent ſous un maſque ſpécieux, eſt égaré de nouveau. Je ſais bien que je m’expoſe en parlant ainsi ; le dindon couronné a déjà fait attenter à ma vie, mais il eſt beau de mourir quand on ſert ſon pays.

Quoi, il ne ſera donc pas possible de ramener l’ordre : la nation eſt diviſée, le roi eſt ſans force, le militaire eſt inſubordonné, les chefs bafoués, le général inſulté, le magiſtrat ſans pouvoir, et la loi ſans organe ; tout eſt dans un équilibre épouvantable, le choc peut être terrible, et cependant il eſt tems encore de tout réparer, et de ſauver l’état et les citoyens ; mais il faut par une réunion générale, un concours d’élans patriotiques, ramener le peuple à ſes foyers, à ſes travaux, faire parler la loi dans toute ſa vigueur indiſtinctement pour tous les citoyens, rappeler les fugitifs, engager l’étranger à revenir en France. Hélas ! pour un moment que nous avons à paſſer ſur la terre, laiſſons à nos enfans, à nos neveux les traces d’une conſtitution qui doit aſſurer pour jamais leur bonheur et notre gloire, et ſaisons, s’il nous eſt poſſible, de notre tems, refleurir le royaume.

Voila ce que j’avois à dire ; j’ai dis la vérité

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