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des vers que Madame de Valmont avoient faits elle-même au moment qu’elle reçut la triste nouvelle de la mort du Marquis de Flaucourt, & je les fais auſſi imprimer. Vous verrez, Monſieur le Comte, que la nature en fit un Poëte dans un inſtant. Je vous serai paſſer à votre terre le premier Volume de mes Œuvres, qui ſera relié, ſi vous n’êtes pas de retour à Paris avant qu’il soit imprimé.

J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Comte, avec l’attachement le plus inviolable, & les sentimens les plus diſtingués, votre très-humble & très obéiſſante ſervante.


Vers de Madame de Valmont, en recevant la triſte nouvelle de la mort de ſon Père.


D’un mortel vertueux, oui j’ai reçu le jour,
Mais l’affreux fanatiſme étouffa ſon amour.
La mort me l’a ravi, ſans que de la Nature,
Son cœur, glacé par l’âge, ait ſenti le murmure.
Cependant quand mes yeux commençoient à s’ouvrir,
Sur mon ſort malheureux il parut s’attendrir.
Il eſt mort ſans ſonger qu’il laissoit ſur la terre
La moitié de lui-même, un cœur fait pour lui plaire.
Je me rappelle, hélas ! qu’en mes plus jeunes ans,
J’étois l’objet chéri de ses ſoins complaiſans.