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Page:Gouges - Oeuvres de madame de Gouges - 1786.pdf/175

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ma Préface un Homme-de-Lettres à se charger de la Poësie ; mais mon Corsaire d’Imprimeur n’a pas entendu m’en faire grace ; il m’a assuré que je ne pouvois pas me dispenser de faire les Vaudevilles qui sont en situation. Ce n’est pas l’embarras de les construire ; mais c’est celui d’y réussir, & ma Muse est une Muse barbare : n’importe, vous les imprimerez à la toise, M. Cailleau, puisque vous l’exigez ; car je vous préviens que je ne les fais jamais au pied, l’inexactitude de la rime est la plus legère faute de cette prétendue Poësie ; mais dans le dernier couplet de la romance du troisième acte, où j’ai fait un vers si pompeux, qui exprime le soutien de la France, on n’en conçoit pas trop le sens, & j’avoue que je ne le conçois pas mieux que personne ; mais je citerai dans cette occasion une circonstance du grand Corneille. Une Actrice chargée d’un rôle dans une de ses Pièces, ayant réfléchi sur une tirade très-brillante, n’en pouvoit définir le but ; elle dit donc à Corneille, en lui faisant l’éloge de ses vers, qu’ils étoient superbes, mais qu’elle n’en comprenoit pas le sens : Ma foi, Mademoiselle, lui répondit avec simplicité ce grand homme, je ne le comprends pas plus que vous ; mais dites-les toujours, ils seront applaudis. Et un autre plus petit personnage nous