Aller au contenu

Page:Gouges - Oeuvres de madame de Gouges - 1786.pdf/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(11)

authentiques. C’est une tache imprimée sur la mémoire de M. le Marquis de Flaucourt, & que ceux qui auroient dû l’effacer n’ont fait qu’étendre, en augmentant ses torts.

Mon père m’a oubliée au berceau ; voilà mon sort, & j’ai encore à gémir sur celui de ma mère. J’avois tout pouvoir de reclamer les droits de la Nature pour mon existence physique, mais j’en faisois le sacrifice, comme on le verra dans ma correspondance avec la famille de Flaucourt, en faveur de celle qui m’a donné le jour. Les liaisons de sang & d’intérêt qui éxistoient entre cette famille & la mienne, étoient bien faites pour engager ces ames dévotes à répandre leurs bienfaits sur la malheureuse filleule de M. le Marquis de Flaucourt, qui éprouve, dans sa vieillesse, la plus affreuse misère. Jusqu’à présent je ne l’ai point abandonnée, mais mes moyens sont devenus si foibles, que je me vois obligée de prendre le parti de la retraite. Ce n’est pas mon sort qui m’afflige, mais c’est la cruelle situation de ma pauvre mere. Je sens mon cœur déchiré à ce tableau. Que n’employerois-je point pour lui procurer les secours qui lui sont nécessaires dans sa vieillesse ? Combien le poids de la misère doit lui paroître dur & insuportable, après avoir été élevée dans la fortune ! & quelle