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Page:Gouges - Remarques patriotiques, 1788.djvu/44

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alloient d’un pas lent, & je remarquai aussi que ceux qui étoient dedans étoient vieux ou infirmes. Je repris la rue de Sève, & je m’acheminai jusqu’à la Croix-Rouge, où je ne vis ni fiacre ni brouette. J’arrive devant un hôtel que l’on bâtissoit ; mais ce genre de bâtisse me paroissoit d’une solidité qui égaloit sa beauté. Je m’arrête un instant devant cet hôtel, & je vois un homme d’un âge raisonnable qui corrigeoit un petit jeune homme. Plusieurs maçons prirent sa défense, & le maître maçon à la fin le laissa fléchir. Quoi, ce disoit-il, ce bourreau, sans cesse me fera des siennes ; voilà trois fois qu’il me fait mettre à l’amende, & le gain de cette bâtisse ne suffiroit point à payer ses sottises ; il sait qu’il est défendu par ordre du Roi & de sa Cour de Parlement, de faire marcher les charrettes à pierres & moellons dans l’été, passé cinq heures du matin, & sept heures dans l’hiver : nous sommes dans les jours longs, & le petit mauvais sujet s’obstine à faire charger les