Aller au contenu

Page:Gouges - Remarques patriotiques, 1788.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 6 )

mains hardies & meurtrières, & souvent dans leurs fureurs ils ne distinguent pas les bons d’avec les méchans. Dans un Etat de Monarchie, tel que la France, le peuple ne peut être heureux qu’autant que l’Etat n’est point obéré ; sa vraie constitution est fondée sur l’amour de son pays & de son Roi : voilà les Francs, voilà leurs véritables vertus. Si elles n’existent plus dans la nation, la nation est perdue, elle sera livrée au pillage des brigands, & peut-être soumise aux Puissances ennemies.

C’est donc à vous, grands, sages, bons citoyens à détourner les maux, que je redoute pour ma Patrie. Il se peut que mon cœur pénétré se soit trop allarmé de ses craintes, & que cette crainte m’ait fait voir un danger évident. Ah, combien de fois les Etats se sont perdus, faute de prévoir les grands événemens ! Ce sont de ces causes célèbres où chacun est intéressé, & le parti le plus puissant doit entendre & recevoir avec plaisir les avis du parti le plus foible. C’est sur les intérêts du public