Page:Gouges - Testament (1793).djvu/4

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sur la France entière ? Vous avez hasardé le tout pour le tout, dit-on ; vous vous êtes flattés que, pour, sauver la chose publique, il ne s’agissoit que d’une grande proscription ; que les départemens, pénétrés de terreur, adopteraient aveuglément çes horribles mesures : si vous ne vous êtes point trompés, si trente-deux victimes peuvent éteindre les haines et les passions, si elles peuvent faire déclarer, par les puissances étrangères, la république indépendante, et détruire l’armée des contre-révolutionnaires, hâtez-vous de faire couler leur sang sur les échafauds ; je vous offre une victime de plus. Vous cherchez le premier coupable ? C’est moi ; frappez. C’est moi qui, dans ma défense officieuse pour Louis Capet, ai prêché, en vraie républicaine, la clémence des vainqueurs pour un tyran détroné ; c’est moi qui ai donné l’idée de l’appel au peuple ; c’est moi enfin qui voulois, par cette grande mesure, briser tous les sceptres, régénérer les peuples, et târir les ruisseaux de sang qui coulent depuis cette époque pour cette cause. Voilà mon crime, Français, il est temps de l’expier au milieu des bourreaux.

Mais si, par un dernier effort, je puis encore sauver la chose publique, je veux que, même en m’immolant à leur fureur, mes sacrificateurs, envient mon