Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/142

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nous ; par le Réel seul, il reste au-dessous. La Morale est l’humanisation, l’incarnation du Bien ; la Science est celle du Vrai ; l’Art est celle du Beau.

C’est à cet apostolat du Beau qu’appartenait M. Ingres ; c’est là qu’était sa vie ; on le sentait dans ses discours autant que dans ses œuvres, et plus encore, peut-être, que dans ses œuvres, tant les hommes de foi sont des hommes de désirs, et tant l’effort de l’aspiration les emporte au delà du chemin parcouru. De cette hauteur, il répandait sur un musicien autant de lumière que sur un peintre, et révélait à tous le foyer commun des vérités supérieures. En me faisant comprendre ce que c’est que l’Art, il m’en a plus appris sur mon art propre que n’auraient pu le faire quantité de maîtres purement techniques.

Quelque peu que j’eusse recueilli de ce précieux contact, ce peu avait suffi pour