où elle venait de créer, avec une autorité si magistrale, le rôle de Fidès dans le Prophète, de Meyerbeer. Madame Viardot m’accueillit avec la meilleure grâce et m’engagea à lui apporter plusieurs de mes compositions pour les lui faire entendre : je me rendis à son offre avec empressement. Je passai plusieurs heures au piano avec elle ; et, après m’avoir écouté avec le plus bienveillant intérêt, elle me dit :
— Mais, monsieur Gounod, pourquoi n’écrivez-vous pas un opéra ?
— Eh ! madame, répondis-je, je ne demanderais pas mieux ; mais je n’ai pas de poème.
— Comment ? vous ne connaissez personne qui puisse vous en faire un ?
— Qui le puisse, mon Dieu, peut-être ; mais qui le veuille, c’est autre chose !… Je connais, ou plutôt j’ai connu jadis, dans mon enfance, Émile Augier, avec qui j’ai