Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/253

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Dans ces conjonctures, je me sens une très grande responsabilité. Engager ou dissuader me paraît également grave : je voudrais que notre cher Pigny me fît connaître là-dessus son sentiment. Quant au mien, le voici :

Si la fortune adverse veut que la Prusse triomphe (ce qui ne m’a jamais paru si facile que cela), et si la France doit être humiliée sous la conquête étrangère, j’avoue que je ne me sens pas le courage de vivre sous le drapeau ennemi. Or, si la captivité de l’Empereur, la défaite de Mac-Mahon, et la perte de quatre-vingt mille hommes sont des faits certains, je pense que la France est, en ce moment, assez exposée pour que ce soit un devoir pour moi de conduire provisoirement à Londres notre mère, ma femme et mes deux enfants.