Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/310

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mais ce qui est communicable, transmissible, c’est le langage au moyen duquel se meut et s’exprime le génie, et sans la possession duquel il n’est qu’un muet ou un impotent. Est-ce que Raphaël, Mozart, Beethoven, n’étaient pas des hommes de génie ? Se sont-ils crus, pour cela, autorisés à rejeter dédaigneusement le magistère traditionnel qui non seulement les initiait à la pratique de leur art, mais encore leur montrait la route propre à les y mener sûrement, leur épargnant ainsi une perte de temps considérable à la recherche d’une certitude dont des siècles d’expériences leur garantissaient le dépôt ? Vraiment, c’est se moquer du sens commun que de prétendre ainsi détrôner l’histoire à coups de paralogismes ! Autant vaut dire que l’orateur et l’écrivain n’ont besoin d’apprendre ni leur langue, ni la syntaxe, ni le dictionnaire.

Théophile Gautier le disait avec raison :