Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Jadin s’était fait connaître par des romances qui avaient eu de la vogue, et remplissait, si je ne me trompe, les fonctions d’accompagnateur dans la célèbre école de musique religieuse de Choron. Ma mère lui écrivit pour le prier de vouloir bien venir la voir et se rendre compte de mes dispositions musicales. Jadin vint à la maison, me fit mettre, le visage tourné, dans un coin que je vois encore, se mit au piano et improvisa une suite d’accords et de modulations, me demandant à chaque modulation nouvelle :

— Dans quel ton suis-je ?

Je ne me trompai pas une seule fois. Jadin fut émerveillé. Ma mère triomphait.

Pauvre chère mère, elle ne se doutait pas, alors, qu’elle développait elle-même dans son enfant les germes d’une détermination qui devait, bien peu d’années plus tard, causer sa grande préoccupation au sujet de mon avenir, et sur laquelle