Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/367

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rien, dans cette sage et saine musique, ne surmène la moelleuse sonorité.

M. Lassalle a donné au rôle d’Henri VIII tout l’intérêt de sa diction si franche, de son articulation si claire, de son jeu tour à tour sombre et passionné, et de cette voix privilégiée qui possède à un égal degré toutes les ressources de la puissance et de la douceur.

M. Boudouresque semble être né cardinal ; n’en déplaise au diabolique Bertram et au huguenot Marcel qu’il représente avec tant de talent, on le dirait mis au monde pour jouer les princes de l’Église, témoin Brogni, dans la Juive, et le légat du pape auquel il a donné, dans Henri VIII, un caractère imposant. M. Dereims s’est fait remarquer, dans le rôle de Don Gomez, par ses qualités de charme et d’élégance. L’orchestre, sous la conduite de M. Altès, a été admirable, ainsi que les chœurs si soigneusement instruits et dirigés par M. Jules Cohen.