Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/48

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laquelle j’avais un faible particulier. J’adorais la musique ; et de ce goût passionné qui a déterminé le choix de ma carrière sont sorties les premières tempêtes qui aient troublé ma jeune existence. Quiconque a été élevé dans un lycée connaît cette fête chère aux collégiens, la Saint-Charlemagne. C’est un grand banquet auquel prennent part tous les élèves qui, depuis la rentrée des classes, ont obtenu dans les compositions une place de premier ou deux places de second. Ce banquet est suivi d’un congé de deux jours qui permet aux élèves de découcher, c’est-à-dire de passer une nuit chez leurs parents : régal très rare, gâterie très enviée de part et d’autre. Cette fête tombait en plein hiver. J’eus, dans l’année 1831, la bonne fortune d’y être convoqué ; et, pour me récompenser, ma mère me promit que j’irais, le soir, avec mon frère, au Théâtre-Italien, entendre Otello de Ros-