Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/173

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Il les aida à monter en barque, largua lui-même l’amarre et, avec un grand signe de bénédiction, envoya un dernier adieu.

Soudain, Minihic, eut un soubresaut. Il bondit à terre, remplit son mouchoir de sable à même la grève, et sautant à l’eau regagna son poste :

« Je l’emporte, dit-il, ma terre de France ! »


XI


En arrivant à Bruxelles, la première pensée du prince fut de demander les journaux. Il pâlit à leur lecture, voulut les dissimuler ; mais Rita et Michelle, avides de savoir, s’étaient emparées des feuilles belges, qui, sans parti-pris, disaient la vérité.

Hélas ! ce n’était plus les récits des journaux parisiens. Le prince royal, loin d’être mort, marchait victorieux sans cesse. Le roi, entouré de sa garde, dont Hans Hartfeld faisait partie, s’avancait vers Paris, avec la sûreté d’une parfaite connaissance des lieux.

Aucune lettre du colonel n’était parvenue. Alexis Rosaroff se rendit au télégraphe, envoya une dépêche à Berlin, avec prière de transmettre au quartier général, sur le théâtre de la guerre, le télégramme suivant :

« Colonel Hartfeld : Femmes et enfants à Bruxelles, anxieux, attendent nouvelles de vous ; tous bien portants.

Alexis. »

Le lendemain, par la même voie, il recevait cette réponse :

« Conduisez enfants à Rantzein, suis légèrement blessé, nommé général. Prière à Michelle venir à Bourogne (Alsace), chemin facile, par Luxembourg. Cette dépêche servira de passe-port en pays allemand.

Général Hartfeld. »