Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/213

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« Mon ami, dit Michelle dont la voix tremblait, voulez-vous me ramasser cet objet et me le rapporter ? montez par le grand escalier. »

Le factionnaire obéit ; tous les soldats étaient accoutumés à la bienveillance de la femme de leur chef. Elle ne leur parlait jamais qu’avec bonté, et souvent elle allégeait les interminables et pénibles factions sous le soleil, par un léger rafraîchissement.

La consigne, d’ailleurs, était moins rigoureuse que sur le théâtre de la guerre.

Quand il fut venu près d’elle, gauche, l’éventail en main, Michelle lui dit :

« Je suis réellement souffrante ; voulez-vous me rendre le service d’aller demander au major qui loge dans l’aile nord du château un peu de quinine pour moi. Suivez la galerie intérieure. »

Tout ceci s’accomplit à la lettre. La jeune femme tendit un mark au soldat, prit la quinine, dont elle avait en effet bien besoin, étant fiévreuse et surexcitée. Puis enfin, elle se mit au lit.

De sa fenêtre, elle ne voyait plus rien, un chien revenait seul du fond du parc.

Elle se leva tôt le lendemain, une angoissa au cœur.

« Qui donc était parti, mon Dieu ? »

Elle entra dans la salle d’ambulance, une seule couchette était vide, celle de Georges Rozel.

Elle appela Minihic.