l’étage supérieur. Là, vivait, depuis la guerre, la mère de Michelle.
« Tiens, dit-elle, Yvonne, regarde : voici un petit vapeur qui s’engage dans la passe.
— En effet, je vais appeler père ; par ces temps de guerre, tout est inquiétant. »
Et quand Lahoul fut monté, il s’écria :
« Mais je connais cette allure-là, c’est le yacht du prince Rosaroff qui file sous pavillon français, avec le drapeau de la convention de Genève : la Croix-Rouge. Qu’est-ce que cela veut dire ?
— Ça doit vouloir dire un bateau-ambulance, père.
— Il double Cézembre, parbleu, il vient ici, ce n’est pourtant guère l’époque des stations de plaisance.
— Non, mais il a des blessés à bord, et il vient ici les soigner,
— Savoir si ce sont des Français ou des Allemands ? le prince est russe.
— Ce sont des compatriotes, le pavillon français en est la preuve.
— Tu as raison, ma petite Yvonne. Allons souper ; après, je mets le cap sur Saint-Malo, pour savoir ce qui se passe.
— Ne fais pas cette imprudence, père, par un froid pareil.
— Bah ! qu’est le froid pour un pêcheur de morue ! Ensuite, si le prince vient à la Roussalka, il faudra aller lui aider, allumer du feu, c’est nous qui avons les clés.
— Bien sûr qu’ils viennent, approuva Yvonne, je vais à tout hasard aller à la villa, moi, et je ferai une belle flambée, pour faire bon accueil à nos maîtres. N’est-ce pas, père ?
— Va, mignonne, la brume tombe, on ne voit plus guère en mer ; mais je crois tout de même que le yacht fait les signaux, pour