Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/225

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un ravage effroyable dans ce pauvre visage, dont les yeux seuls semblaient par miracle avoir été épargnés.

Rita, pâle à mourir, interrogea :

« Vivra-t-il ?

— Je l’espère, si nous parvenons à établir les mouvements du pharynx. Avez-vous du lait ? »

On avait apporté tout ce qu’il fallait de Saint-Malo. Quelques gouttes de liquide purent passer.

« Voilà qui est bon, dit le praticien, maintenant je vais procéder au lavage, à l’enlèvement des peaux et chairs meurtries, là réside le danger d’infection. »

Yvonne soutenait la princesse ; le prince aidait le docteur, offrant l’eau, le coton, les ciseaux ; les matelots tenaient les lumières.

« J’espère le sauver, dit le docteur, mais il sera atrocement défiguré, à moins que…

— Quoi ?

— Je pense à un procédé nouveau, expérimenté déjà par mes confrères : la greffe humaine ?

— Qu’est-ce que cela ?

— Une peau vive et saine, adaptée sur la plaie et qui y prend racine.

— Essayez, docteur, fit Rita, prenez ma peau, ma chair pour mon fils. »

Le docteur secoua la tête, il regarda cette pauvre mère enfiévrée, désolée, et se retournant vers le prince :

« Que faire ? l’opération est douloureuse, une peu longue, Mme la princesse est bien affaiblie…

— Je le veux, fit Rita. »