Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/227

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lui-même, le pansement de Lister, préparé d’avance pour la jeune fille. À cette époque, la méthode antiseptique n’était encore connue que de quelques privilégiés.

Peu à peu, Yvonne revenait à elle, étonnée, les yeux hagards, la tête lourde, des nausées secouaient son corps.

« Père, appela-t-elle.

— Je suis là, dit le brave homme, courageuse enfant, tu as été sublime. Il n’y a pas de danger, au moins, Monsieur le docteur ?

— J’en réponds, trois ou quatre jours de repos, une cicatrice insignifiante, et votre chère enfant n’y pensera que pour se rappeler sa noble action.

— Lahoul, fit le prince, serrant les mains du matelot, c’est entre nous à la vie à la mort, désormais ma fortune vous appartient.

— Pardon, mon prince, il ne fallait pas ajouter la dernière partie de la phrase.

— Je la retire, mon ami, excusez-moi, je suis tellement troublé. » Le pansement s’achevait, Max avait ouvert les yeux, son regard voilé, sanglant, cherchait autour de lui. Il ne pouvait parler, mais tous devinèrent qu’il voulait sa mère.

Le prince courut chercher Rita.

« Quoi, fit celle-ci, je suis prête, docteur, c’est l’heure…

— De vous reposer, oui. Madame, notre blessé va dormir lui aussi, il est aussi bien que possible, mon diagnostic de tout à l’heure se modifie : il sera peu défiguré et certainement nous le sauverons. Voici l’enfant à qui nous le devrons. »

Il montrait Yvonne qui sanglotait sur l’épaule de son père, énervée, incapable de se contenir maintenant.

« Mon enfant, ma fille ! fit la princesse en lui ouvrant les bras.