Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/237

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L’armistice ! Toute la journée ce furent des visiteurs, avec ces mots bienheureux. La France épuisée répétait ces mots d’espoir. Une suspension d’armes enfin ! on allait respirer, cesser la boucherie !

Chacun pensait aux siens. Puis les jours suivants, les lettres arrivèrent ; beaucoup de sinistres, hélas ! les lamentations éclataient partout ; peu de familles qui ne fussent en deuil.

Alexis eut un télégramme du général Hartfeld, annonçant son arrivée, pour affaire urgente.

Lui et sa femme demeurèrent surpris, mais satisfaits de cette bonne et inespérée visite.

D’autre part, les Lahoul reçurent un message de Minihic :

« Toujours pas blessé, chers parents, écrivait le joyeux garçon, j’ai passé entre les lames, avec une protection divine si évidente, que mon premier devoir après vous avoir embrassés, sera de me rendre en pèlerinage à Notre-Dame de Worsbourg en Suisse, sous la protection de laquelle je m’étais mis avant de partir et où un ange… n’a cessé de prier pour moi, pendant la guerre, cet ange terrestre, vous le savez, s’appelle Elsa et mon plus vif désir est d’obtenir d’elle la joie d’en faire votre fille. Elle en est en tout point digne, venant de pieuse et brave famille. J’ai pris goût à l’épaulette, puisque la misère de mes pauvres camarades m’a valu d’être officier dans nos bataillons décimés, et je désire continuer ma carrière et travailler ferme pour conserver mon grade. Quelle joie, chers parents, de vous embrasser tous à plein cœur ! de revoir, enfin, mon vieux rocher de Saint-Malo ! »