Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/25

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tresse d’un premier mouvement, du moins, elle se jugeait impartialement ; elle appela avec douceur :

« Michelle ! viens près de moi, tu as joué, couru, il faut venir te reposer et apprendre qu’une fille bien née ne vit pas à la cuisine. As-tu apporté un catéchisme ?

— Pour sûr, le bouquin est dans le baluchon.

— Eh bien ! va le chercher, nous allons essayer ensemble de nous rappeler les saintes doctrines de notre religion. »

La fillette partit en sautant, elle s’attarda vers Tribly ; puis elle s’amusa à secouer la salade dans le panier de fil de fer. C’était si drôle de voir les gouttelettes brillantes asperger le chat qui dormait en rond et qui bondit sous l’insulte.

Après, elle s’égara dans les longs couloirs du vieux château, allant dans les chambres vides et nues où elle trouva toute une collection de chauves-souris groupées en tas sous le volet d’une fenêtre ; leurs petits yeux vifs, leurs oreilles recourbées ainsi qu’une corne de chèvre, leurs étranges ailes sans plumes, l’intéressaient infiniment :

« La drôle de binette ! » exclama-t-elle, puis, comme la nuit arrivait, qu’elle avait refermé la porte par où passait un reste de jour, voilà que les oiseaux se mirent à voler. Alors Michelle eut peur et se sauva effarée.