Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/269

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et elle perçut de grands éclats de voix dans le cabinet de son mari.

Saisie de peur, elle en ouvrit vivement la porte. Alors elle resta terrifiée sur le seuil. Hans debout, d’un rouge violacé, bouleversait toute la pièce. Les livres, cahiers, dossiers étaient épars à terre. Edvig, d’une effrayante pâleur, feuilletait fébrilement les moindres papiers.

À la vue de Michelle, elle bondit :

« Misérable créature, s’écria-t-elle, c’est vous qui l’avez volée ?

— Quoi ?

— La lettre ! »

Elle bégayait, étranglée d’angoisse.

Hans, d’un grand effort, parvint à se maîtriser.

« Michelle, dit-il d’une voix sourde, au nom de Dieu, je vous adjure de dire la vérité. Vous avez soustrait ici une pièce de la dernière importance, l’empereur m’a fait appeler ce matin. Le dossier qu’il m’avait confié et que je lui ai remis hier était incomplet. Il y manquait une feuille : Vous l’avez.

— Non !

— Oui, oui, hurla Edvig, vous, espionne, voleuse. Votre sortie à une heure insensée, par un tel temps, raconte votre crime. Oui, néfaste étrangère, honte de notre famille, vous avez été livrer à votre complice, l’odieux Freeman, ce secret d’État dont répondait votre mari. Vous avez foulé aux pieds l’honneur des Hartfeld. »