Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/279

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Enfin, ce fut le précepteur des enfants qui parut, délégué sans doute par le conseil des subalternes.

Il ouvrit la porte, et, précédant la comtesse Hartfeld, il la pria de le suivre dans un kiosque situé près de l’entée.

Arrivé là, il s’inclina très bas, et montrant un banc de bois :

« Que Madame veuille bien s’asseoir », dit-il.

Brisée de fatigue, Michelle obéit ; le percepteur continua :

« Ma situation vis-à-vis de vous, Madame, est horriblement pénible ; j’ai appris par une dépêche, ce matin, la mort de notre regretté général ; hier, j’ai dû partir avec des ordres formels. Une dépêche émanant directement de la chancellerie me les a confirmés à l’instant.

— Quels sont ces ordres ?

— L’interdiction absolue de vous laisser franchir le seuil de Rantzein.

— Alors, faites-en sortir mes enfants, je les verrai sur la route.

— Pardon, je continue : défense formelle de laisser les enfants communiquer avec leur mère. Leur tante, Mlle Hartfeld, est provisoirement tutrice jusqu’à formation d’un conseil de famille.

— Mais enfin, je ne suis coupable d’aucune faute, la haine seule s’acharne après moi.

— Madame, fit le professeur avec une nuance de respect attendri, je ne crois pas à votre culpabilité, beaucoup penseront de même, seulement nul n’osera le dire. Mlle Edvig est redoutée de tout le monde, la mort du comte dont elle vous accuse va faire un bruit effrayant à Berlin. Si j’osais vous donner un conseil, ce serai de vous rendre en France pour quelque temps. Peut-être les choses, à la longue, s’arrangeraient-elles.