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Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/326

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François avait l’âge d’Henri. C’était une excellente nature, délicate et dévouée, ayant dans l’âme l’amour du devoir et du travail. Né dans un milieu simple où l’on gagnait rudement son pain, il avait appris de bonne heure à regarder la vie comme une lutte, et il avait mis toute son activité à être vainqueur. À l’école des Frères de la rue Saint-Ferdinand, il avait été le premier, étudiant en hiver auprès du fourneau où chauffaient les fers à repasser de sa mère, et l’été sur la petite terrasse avec son jeune voisin.

Lors du retour à l’aisance d’Henri, il avait éprouvé un chagrin, un vide, et Mme Pierre, un jour, en venant apporter le linge rue François Ier, peut après le départ de Michelle d’Allemagne et sa réinstallation aisée en France, avait exprimé, sans y songer, la peine de son fils.

Aussitôt Henri voulut aller voir François.

Il le ramena chez lui et dès lors l’habitude se prit de passer le dimanche ensemble. Puis, quand François eut treize ans, son certificat d’études en poche, Mme Pierre, qui gardait une grande confiance en son ex-voisine, vint lui parler sérieusement de l’avenir de son fils, lui demander un conseil.

Il voulait être mécanicien, aller sur les locomotives comme son pauvre père, et elle était épouvantée.

« Détournez-le de ces idées-là, Madame la comtesse », suppliait la blanchisseuse.

Alors Michelle, un dimanche après dîner,