Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/334

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— Tu déraisonnes, Frida, reprit sérieusement Wilhem, tu ne te marieras pas sans le consentement de notre mère et le mien.

— Toi ! tu m’as présenté ton ami avec toutes sortes de compliments.

— Sans doute. Je ne discute nullement les mérites de Vasili, il est digne de ton estime ; seulement, à mes yeux, il y a un obstacle sur lequel je ne passerai pas.

— Et lequel ?

— Sa nationalité, Ogaref est Russe. Ses propriétés sont juste aux confins de l’Allemagne, sur la frontière de Pologne.

— Eh bien ! où est le mal ? Les Russes ne sont pas nos ennemis, je te comprendrais mieux s’il était Franç…

— Tais-toi, interrompit vivement le jeune homme, tu ne sais ce que tu dis. D’un pays ou d’un autre, la division est la même. Notre famille ne peut pas se détraquer en trois lieux différents. Je vois assez les divisions qui en résultent, et les grands biens des Hartfeld ne peuvent pas passer en des mains étrangères.

— Henri épousera sûrement une Française.

— Quand bien même Henri épouserait une Française, il n’abdique pas son nom. Puis, je me suis arrangé pour lui faire avoir dans nos partages l’argent liquide et les titres. J’ai conservé pour nous les propriétés. »

Michelle souffrait vivement de ce débat, sa